ELLE

Special Interview for Elle
TASHA, FEMME DU MONDE

Noble de naissance et de cœur, la globe-trotter la plus glamour de la planète défend les causes auxquelles elle tient. Confidences

“J'ai besoin de sentir la terre”. La terre a, elle aussi, besoin de ces femmes qui la sentent et qui l'ont élue comme domicile. Tasha de Vasconcelos fait partie de ces gens qui ont plus d'une carte d'identité. Dans ses veines et ses gènes, coulent toutes les histoires du Portugal et de son aristocratie, de l'Angleterre et de sa distinction. Mais son enfance se passe ailleurs, dans l'Afrique noire de vies et d'enfants pauvres. C'est au Canada et aux États-Unis que Tasha parfait ses études et à Monaco qu'elle vit, quand elle n'a pas à sillonner le globe.

“Née en Afrique, je suis une fille du Mozambique”, cet état de la côte Est d'Afrique Australe, qui vit du coton, du thé, du gaz, du bois, de l'agriculture… de la bonne conscience de ce monde, et de l'air du temps souvent très dur avec le continent noir. L'Afrique qui a vu éclore la vie, assiste, impuissante, à son extinction. Misère, guerres, sécheresse, pauvreté et sida entrent en coalition pour tuer l'espoir. Tasha, qui a fait une carrière internationale de top model, allant de Chopard à Escada, de Elie Saab à Banana Republic, et de rôle en rôle au cinéma, sait qu'elle a aussi un autre rôle à jouer. Ce sera l'appel du pays. Elle retrouve son Mozambique natal où une phrase du Président l'accueille : “Notre fille est revenue”. Et c'est un retour aux souvenirs et à cette petite fille qui joue sur la plage, au bureau de papa. Un père qui n'est plus et qu'une immense tristesse remplace. Voyage également au quotidien de la réalité noire d'un pays où l'horreur côtoie le sourire, où la souffrance rythme la respiration de la société. “ What can I do ? ”, se demande Tasha, décidée à réagir. À agir. Et voilà que germe le projet d'un orphelinat pour lequel elle va batailler et mettre à contribution les grands et les moins grands de ce monde, de Villepin au plus anonyme de son interminable carnet d'adresses. La volonté d'aider les petits orphelins du sida ne la quitte plus. À Roland Garros, en suivant un match de tennis, ses pensées suivaient sa nouvelle obsession. Elle vit alors dans le ciel les quatre lettres du nom de sa future fondation. A comme Aids , M comme Mozambique , O comme Orphanage (orphelinat) et R comme Rescue (secours) : AMOR comme ce sentiment qui gît au fond de chacun et qui tend à nous lier les uns aux autres. Une fondation humanitaire qui s'occupera de l'avenir professionnel des enfants du sida.

Femmes, je vous aime !

Que ELLE Oriental l'ait choisie la touche. Tasha aime la féminité. “La femme, c'est la finesse. Et c'est la vie. C'est elle qui donne l'amour, qui porte l'enfant. C'est d'elle que vient la continuité”. Plus que belle, la femme se doit d'être intelligente, de faire fonctionner sa tête autant que son charme.

Son modèle à elle ? Elle en a plusieurs, “mais c'est le nom de la Reine Rania qui me vient en premier à l'esprit. J'aime cette femme : elle se bat pour les causes qui lui tiennent à cœur et fait bouger les choses”.

La femme orientale ? “La plus mystérieuse des femmes. Une féminité vivante, belle et forte. J'adore son regard profond, son voile”. Tasha, qui est elle-même un mélange d'Occident, d'Afrique et de Méditerranée, se sent très orientale et réceptive à ce jeu de cache-cache entre le corps et l'esprit.

Et le Liban ? “Je le découvre. J'ai eu la grande chance de le faire à travers la soirée du lancement du ELLE Oriental à Deir el-Qamar. Un pays de pierres, de cultures et de gens très généreux. Avec de la chaleur dans la voix, des montagnes et la mer… Je suis une fille de la mer.” Tasha aime beaucoup les tissus orientaux, la verrerie peinte à la main, et “beaucoup, très beaucoup”, la gastronomie libanaise, délicieuse et variée. Comme les Libanais, Tasha a connu la guerre, les départs et les séparations, “et ça fait de moi une personne qui comprend”.

Mes amies, les bêtes

Ses amours ? Elle en a plusieurs. Scarlett, sa chienne, compagne de toujours. Elle l'accompagne partout, munie de son passeport privé. Le cheval, une autre grande passion. “À cheval, je suis la plus heureuse des femmes ! À trois ans déjà, je galopais dans les savanes d'Afrique. C'est la grande évasion. Et quelque part, mon attachement à l'Orient vient du cheval arabe ! Sa beauté est synonyme de liberté. Dialoguer avec cet animal noble, le comprendre, quel plaisir !” Et puis, il y a l'amour de la nature, de la campagne et de tout ce qui est authentique. “Je n'ai jamais perdu mon authenticité. J'aime les gens. Je peux côtoyer la Reine d'Angleterre et la serveuse de la pizzeria du coin sans le moindre effort. J'évolue dans les milieux diplomatiques, artistiques, de la mode. Mon pays, c'est le monde. J'éprouve du plaisir à rencontrer les gens simples d'Afrique. Je me sens à l'aise à Monaco où souffle un mélange de générosité et de glamour international, et où les gens sont également simples et gentils. Mon père, un descendant de l'aristocratie portugaise, m'a léguée une grande qualité : la noblesse du cœur. Tous les titres du monde ne valent rien, si l'on n'a pas de cœur.”

Sa couleur, c'est le bleu. Le bleu du ciel ou de la mer. Le bleu de l'espoir, du changement et de l'avenir. Tout comme celui des Nations-Unies, quand elle devient ambassadrice de l'Unicef. Ou alors comme celui qui cache une douleur à peine visible, ce bleu à l'âme que Tasha peut avoir quand elle regarde l'Afrique qu'elle porte dans son cœur. Qu'elle porte sur elle-même comme une goutte de parfum d'une grande maison. Car Tasha a besoin de respirer l'Afrique. Continent aromatisé “où il y a tellement de choses à faire, à sentir”. Où Tasha sent qu'elle a les pieds bien sur terre.

By: Antoine Daher

 

Robe : Elie Saab

Bijoux : Chopard

Coiffure : Dessange

Maquillage : Chanel

Agence : Cynthia Sarkis Perros